
Souveraineté numérique et cyberdéfense : un enjeu de taille pour l’Afrique
Dans l’ensemble de dispositions, d’activités et de projets mis en branle par nos gouvernants pour développer le secteur de l’économie numérique en Afrique et accompagner la transformation de nos sociétés, la cybersécurité commence à occuper, à juste titre, une place de plus en plus importante. Car, malgré le niveau de développement plutôt relatif qu’on a en ce moment dans le secteur du digital, le nombre de cyber-crimes va grandissant, voire galopant. Cela va sans dire, puisqu’il est désormais établi que ce n’est pas l’expansion du cyberespace qui crée de nouveaux crimes, mais des criminels qui s’adaptent très rapidement aux nouveaux outils mis à leur disposition. Cette situation est similaire dans la plupart des pays Africains, raison pour laquelle nous devons veiller à avoir une approche globale de cette problématique, afin d’être capables d’apporter des solutions efficaces permettant d’assurer la confiance dans le numérique pour les entreprises, les organisations et les utilisateurs de plus en plus nombreux sur l’ensemble du continent.
Dans ce contexte, pour faire face à toutes ces menaces et cette nouvelle forme de criminalité, les gouvernements africains mettent progressivement en place un ensemble de mesures sous forme de lois, d’organisations spécialisées et même d’infrastructures pouvant assurer la protection numérique du grand public (entreprises et citoyens). La plupart ont ainsi promulgué plusieurs lois portant sur la cybersécurité, la lutte contre la cybercriminalité, la protection des communications électroniques, la protection des données à caractère personnel, la lutte contre la cyber-pédophilie, etc.
Ainsi, d’après le rapport GCI 2017, rendu public à la suite de l’étude réalisée par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) sur les évolutions en cybersécurité, plusieurs pays africains ont mis en place de bonnes pratiques de renforcement des capacités de lutte contre la cybercriminalité. Cet effort est appréciable à travers l’évolution du positionnement des pays africains dans le classement mondial des pays dont l’indice de cybersécurité, qui mesure le niveau de développement de chaque pays est remarquable.
À l’observation, tous ces efforts consentis et rapportés dans différentes études révèlent clairement un fait inquiétant: les notions de cyberdéfense et de cyber-résilience ne sont malheureusement pas mentionnées ou abordées par les autorités en charge de ces questions dans nos pays, surtout en Afrique subsaharienne (ni dans la loi, ni dans les projets / plans en cours et à venir), alors qu’elles apportent un nouveau paradigme stratégique aujourd’hui incontournable du point de vue des États et de leur souveraineté numérique, en complément aux autres notions (cybersécurité, cyber criminalité, cyber menace, etc.) déjà couvertes dans les dispositifs existants.
Au moment où le “cyber” est devenu un domaine de souveraineté nationale et sous régionale à protéger et à défendre au même titre que les domaines terrestre, maritime, spatial et aérien; alors que lors du Sommet de Juillet 2016 à Varsovie, en Pologne, l’OTAN a acté le cyberespace comme “terrain d’opérations militaires”; à l’aune de la cyber guerre, du cyber espionnage politico-économique, de la campagne de désinformation et de déstabilisation, du sabotage industriel ou autres cyber menaces à la sécurité nationale et à l’intégrité du cyberespace des États, avec les agences de renseignement qui rivalisent d’adresse : c’est par le prisme d’une stratégie de cyberdéfense forte qu’on peut aujourd’hui appréhender les conséquences ravageuses et l’impact de ces menaces sur le plan politique, social, économique et militaire. Une littérature abondante existe déjà sur les thèmes de cybersécurité et cybercriminalité et recouvre un champ plus vaste. Toutefois, cet ouvrage va se consacrer spécifiquement à l’exégèse du concept de souveraineté numérique en Afrique en démontrant dans un premier temps l’ampleur de la cyberguerre et son impact sur l’intelligence économique, les intérêts fondamentaux et la sécurité des États africains; puis, dans un second temps, les pistes de solutions pour y faire face en acquérant et en consolidant notre autonomie cybernétique par une stratégie de cyberdéfense.
Cet article est un extrait de mon ouvrage du même titre dans lequel je vous livre mon analyse et ma contribution, qui j’espère permettra au moins d’ouvrir le débat sur ces questions. Bonne lecture !